N’importe quel observateur conviendra facilement que le genre de la nouvelle s’est développé d’une manière spectaculaire au Québec à la fin du XXe siècle et au tournant du XXIe siècle. Bien que cet essor ait été observable ailleurs dans le monde, le Québec occupe une place fort enviable dans ce développement récent. On n’oubliera pas, cependant, que le premier âge d’or de la nouvelle remonte beaucoup plus loin dans le temps, associé à un autre passage symbolique, celui du XIXe au XXe siècle : on voit alors le genre croître en quantité et en qualité en France, en Italie, au Japon, en Russie, en Angleterre et aux États-Unis. La littérature québécoise a participé à cette effervescence, mais la critique l’a ignorée, surtout en dehors du Québec, et n’a jamais intégré à l’histoire littéraire mondiale son importante production.
Cet ouvrage propose donc de retracer les grandes lignes de la nouvelle québécoise et, en même temps, de souligner ses principaux apports sur les plans thématique et formel. Comment la nouvelle évolue-t-elle depuis le Bas-Canada jusqu’au Québec moderne ? Quels en sont les enjeux ? Quelles sont ses spécificités ? Renseigne-t-elle sur la société d’une manière particulière ? Aborde-t-elle des aspects que les autres représentations littéraires tendent à négliger ? Si oui, comment le fait-elle ? Que dit-elle sur chaque époque ? Quel est l’apport spécifique de ses principaux praticiens ? Voilà autant de questions simples auxquelles ce livre tentera de répondre en brossant un panorama de la nouvelle québécoise dont l’histoire, impressionnante pour qui se donne la peine de la parcourir ne fût-ce que brièvement, s’étend sur plus d’un siècle et demi.